Le Niveau en franc-maçonnerie
Alors que la Perpendiculaire en franc-maçonnerie, outil symbolique du Second Surveillant, concerne surtout l’Apprenti, qui doit apprendre à comprendre la verticalité, et découvrir sa propre verticalité, le Niveau en franc-maçonnerie est plutôt associé au Compagnon, qui s’ouvre à l’horizontalité du monde qui l’entoure. Le Niveau en franc-maçonnerie est donc naturellement l’outil symbolique du Premier Surveillant, qui accompagne les Compagnons dans leur quête de Connaissance. Dans certains rituels maçonniques, le Niveau fait partie des outils avec lesquels le futur Compagnon effectue ses Cinq Voyages symboliques. Et pour bien souligner que le Niveau en franc-maçonnerie caractérise le Compagnon de la même manière que la Perpendiculaire caractérise l’Apprenti, les rituels maçonniques disent souvent du Compagnon qu’il est passé de la Perpendiculaire au Niveau.
Le Niveau complète la Perpendiculaire
Le Niveau complète la Perpendiculaire, car il est basé sur le même principe de base (c’est-à-dire la recherche de la verticale), mais y ajoute l’horizontale. Concrètement, en franc-maçonnerie, le Niveau peut avoir deux formes. La forme la plus fréquente du Niveau dans les Rites maçonniques continentaux est celle d’une Équerre juste dont les deux bras sont reliés par une barre transversale, formant ainsi un A majuscule, avec un fil à plomb suspendu à l’angle. Dans les Rites maçonniques anglo-saxons, il affecte plutôt la forme d’un T inversé ouvragé. Dans les deux cas, l’horizontale est fixe et la verticale, indiquée par le fil à plomb, est mobile.
Le Niveau ne saurait précéder la Perpendiculaire, car l’horizontale qu’elle trace virtuellement dépend bien évidemment de la rectitude de la verticale. D’un point de vue symbolique, il est donc logique que la Perpendiculaire soit l’apanage de l’Apprenti et le Niveau celui du Compagnon. L’Apprenti doit d’abord être descendu en lui-même et avoir découvert la verticale pour pouvoir enfin, devenu Compagnon, s’ouvrir au monde par l’horizontale. D’abord concentré sur la connaissance de lui-même, le franc-maçon ne peut s’y arrêter, et doit ouvrir les bras pour agir dans le monde. Le croisement de la verticale et de l’horizontale donne ainsi l’image symbolique d’un Homme les bras écartés, comme l’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci. Ce croisement produit aussi évidemment une Croix, symbole universel qu’il serait erroné d’associer au seul christianisme.
Le Niveau nous invite donc à ne pas mettre la charrue avant les bœufs! Vouloir agir, vouloir être utile à ses semblables, c’est très bien. Mais si le fondement n’est pas correct, s’il n’est pas défini d’abord par la verticale qui représente notre juste place dans le monde, nos bras ne seront pas à l’équerre, notre horizontalité sera illusoire et notre action inefficace.
Le Niveau, symbole d’Égalité
Dès le XVIIIe siècle, les rituels maçonniques abordent le Niveau sous un autre angle, qui n’est pas à proprement parler symbolique mais plutôt allégorique: le Niveau représenterait ainsi l’Égalité. Mais cette Égalité était encore bien timide et théorique, et ne concernait guère que les francs-maçons eux-mêmes: en Loge, tous étaient mis sur pied d’égalité et l’on ne distinguait plus l’aristocrate du roturier. En France, cette Égalité maçonnique était signifiée par le port de l’épée par tous les Maîtres, privilège réservé aux nobles dans la société civile. Mais hors de la Loge, fort est de constater que cette Égalité restait le plus souvent lettre morte. Ce n’est qu’au XIXe siècle que les francs-maçons, surtout en France, prirent au sérieux l’idée d’une Égalité sociale et s’engagèrent dans des causes que l’on pourrait qualifier de socio-politiques.
Est-ce à l’action sociale, voire politique, que le symbole du Niveau nous invite? Certains francs-maçons l’ont compris ainsi. Mais tous ne seront pas d’accord d’interpréter la franc-maçonnerie de cette manière.
Alors de quelle Égalité peut-on dire que le Niveau est le symbole? Certainement pas d’une naïve Égalité générale, qui n’est qu’une abstraction sans fondement dans la réalité. Dans l’Humanité, comme dans le règne animal en général, il n’y a pas d’égalité naturelle: certains sont forts, certains sont faibles, certains sont des prédateurs, certains des proies… Mais l’Humanité n’en reste pas là: conscients de partager le même destin, les membres de la famille humaine ont à des degrés divers développé le sens de la Justice, de l’Équité et donc de l’Égalité de droits et de traitement.
L’Égalité à laquelle les francs-maçons sont tant attachés est une construction jamais achevée, un idéal vers lequel ils tendent mais qui se heurte toujours à l’égoïsme naturel des individus. Il ne s’agit pas d’un nivellement impersonnel et déshumanisé, qui ferait de tous des robots sans personnalité propre, mais bien plus de la concrétisation d’un profond sentiment de Fraternité (et de Sororité) universel. En termes maçonniques, l’Égalité de l’horizontale indiquée par le Niveau ne peut être trouvée qui si la verticale a été clairement définie par la Perpendiculaire. Ainsi l’on peut dire que tous ceux qui sont alignés selon la Perpendiculaire se retrouvent à Niveau en franc-maçonnerie.
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