Le Rite Écossais Rectifié (plus proprement le Régime Écossais Rectifié) est un Rite maçonnique aux racines essentiellement chrétiennes et chevaleresques, qui intrigue souvent les francs-maçons d’autres Rites, particulièrement dans les pays où la franc-maçonnerie a été comprise comme étant naturellement progressiste et rationaliste, voire anticléricale. Le Rite Écossais Rectifié est pourtant bien un Rite maçonnique, dont la forme et le contenu font écho à tout un pan de la franc-maçonnerie du XVIIIe siècle, le courant illuministe et mystique, qui a toujours coexisté avec le courant rationaliste. Quel est le cheminement qui a conduit à la création officielle du Rite Écossais Rectifié en 1782 ? Quelles sont les différentes sources du Rite Écossais Rectifié et qui en est l’auteur ? Voici, de manière très résumée, les principaux éléments de l’histoire du Rite Écossais Rectifié.


Les sources du Rite Écossais Rectifié


Tous les Rites maçonniques sont le confluent de plusieurs influences, et c’est particulièrement flagrant pour le Rite Écossais Rectifié. Ce Rite maçonnique plonge en effet ses racines dans plusieurs courants qui ont alimenté la genèse de la franc-maçonnerie sur le continent européen.


La première source est bien entendu la franc-maçonnerie de la Grande Loge de Londres (la Grande Loge des Modernes) diffusée en Europe à partir des années 1725, sous la forme de Loges des trois grades symboliques (Apprenti, Compagnon et Maître). C’est évidemment le point de départ de tous les Rites maçonniques. À cet égard, les grades symboliques du Rite Écossais Rectifié sont un témoin extrêmement précieux des anciens usages maçonniques français. La franc-maçonnerie française du XVIIIe siècle pratiquait des rituels très variés, tous fondés sur la même tradition Moderne, mais différant par de nombreux détails. Seuls deux ont survécu: le Rite Français de 1785 (publié en 1801 sous le titre de "Régulateur du Maçon") et les rituels des Loges bleues du Rite Écossais Rectifié, parfois plus archaïsants dans leur forme que ceux du Rite Français.


La deuxième source est ce l’on convient d’appeler l’"Écossisme", c’est-à-dire le développement, longtemps anarchique et confus, des Hauts Grades maçonniques. Ces degrés, au-delà du grade de Maître, se sont surtout développés en France, mais aussi en Allemagne et en Suède. Les francs-maçons jacobites (c’est-à-dire restés fidèles à la dynastie des Stuart après la Glorieuse Révolution anglaise de 1688), dont beaucoup vivaient en exil en France, jouèrent un rôle important dans l’apparition de ces Hauts Grades, qu’ils connotèrent souvent d’allégories concernant le rétablissement des Stuart sur le trône d’Angleterre.


La troisième source, et non la moindre, est la légende templière, apparue en franc-maçonnerie dès les années 1750. Selon cette légende, dont existent plusieurs variantes, les francs-maçons se seraient liés aux Templiers et leur auraient offert refuge lors de leur persécution, leur permettant ainsi de survivre.


La quatrième source est l’une des expressions de la franc-maçonnerie illuministe et mystique du XVIIIe siècle, qui fut multiple, allant de l’alchimie et de l’hermétisme au rosicrucianisme, à la magie et même à la nécromancie. Il s’agit du Martinézisme, une doctrine théosophique et gnostique tendant à permettre aux âmes de réintégrer leur origine divine par la pratique d’évocations d’entités angéliques. On la doit à Martinès de Pasqually (1727-1774), d’origine probablement juive portugaise mais converti au christianisme, qui fonda un ordre paramaçonnique, l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coens de l’Univers, auquel appartenaient la plupart des dirigeants de ce qui allait devenir le Rite Écossais Rectifié. C’est à ce courant, qui engendrera également le Martinisme, que le Rite Écossais Rectifié doit son ésotérisme chrétien.


Les débuts de la Stricte Observance Templière 


Impossible de parler de l’origine du Rite Écossais Rectifié sans commencer par présenter la Stricte Observance Templière, dont il est issu. La Stricte Observance Templière est probablement la forme la plus spectaculaire qu’à pu prendre la légende templière au sein de la franc-maçonnerie. Cet Ordre, qui prétendait restaurer l’Ordre du Temple (et espérait même une réhabilitation officielle des Templiers, avec restitution de leurs biens) fut fondée en Allemagne dans les années 1750, par un curieux personnage qu’on nomme généralement le Baron de Hund pour faire court (1722-1776; ses nom et titre complets sont Karl Gotthelf, Reichsfreiherr zu Hundt und Alten-Grotgau). 


Ce membre de la petite noblesse foncière allemande (un "Junker", caractéristique du nord-est de l’Allemagne jusqu’en en 1918) s’intéressa très tôt à la franc-maçonnerie, puisqu’il fut initié à l’âge de 19 ans à Francfort-sur-l’Oder. Entre 1742 et 1743, il résida à Paris, où il fréquenta de nombreuses Loges et se convertit au catholicisme, puis il passa quinze jours à Strasbourg, où il visita pas moins de cinq Loges. 


Mais l’événement le plus marquant aurait été sa réception dans un Chapitre Templier, à Paris. Auraient assisté à la cérémonie Lord Kilmarnock (William Boyd, 4e Comte de Kilmarnock, pair du Royaume d’Écosse et fidèle aux Stuart, condamné à mort et exécuté suite à la défaite Jacobite à la bataille de Culloden en 1745) et un mystérieux "Eques a Penna Rubra" (Chevalier au Plumet Rouge) que Hund a toujours prétendu être Charles-Édouard Stuart lui-même, le Jeune Prétendant, petit-fils du roi déchu Jacques II. C’est de ces éminents Jacobites qu’il aurait reçu la double mission de rétablir l’Ordre du Temple et de servir la cause des Stuart. Nous verrons plus loin ce que nous devons penser de cette prétendue réception.


De retour en Allemagne, Hund fonda une Loge sur ses terres à Unwürde (en Basse-Lusace, dans l’actuel Land de Saxe) et s’associa avec Wilhelm Marschal von Bieberstein, Grand Maître Provincial de Haute-Saxe et fondateur d’une première ébauche de Rite maçonnique templier. Franc-maçon depuis 1737, ce dernier avait fréquenté en France des exilés Jacobites, dont Lord Kilmarnock: c’est probablement à partir des souvenirs de Marschal que Hund forgea le récit de sa prétendue réception par des mystérieux Jacobites. Marschal et Hund commencèrent entre 1753 et 1755 à mettre sur pied un nouveau système templier et produisirent le fameux Livre Rouge qui contenait la règle et la répartition des provinces de l’Ordre. Marschal mourut avant la fin du travail, et Hund modifia son titre de Grand Maître Provincial de Haute-Saxe (titre d’origine anglaise) en celui de Grand Maître de la VIIe Province Templière, se prétendant du même coup son successeur, aux ordres de prétendus Supérieurs Inconnus (entendez Charles-Édouard Stuart et le clan Jacobite) dont il aurait reçu une mystérieuse Patente chiffrée, parfaitement illisible.


Par l’intelligente construction de sa légende, par l’attrait de ses cérémonies pompeuses, mais aussi par l’espoir entrevu de pouvoir un jour récupérer les biens des Templiers, la Stricte Observance Templière eut beaucoup de succès dans l’aristocratie allemande, au point que plusieurs princes régnants s’y firent recevoir. L’Ordre ne tarda pas à se répandre, en Suisse, à Strasbourg, en France, dans l’Empire Autrichien, au Danemark, en Italie… L’Ordre, très hiérarchique et aristocratique, réservait ses Hauts Grades aux nobles ou aux bourgeois fortunés ou remarqués pour leur profession. Les roturiers ne pouvaient guère espérer dépasser le grade de Maître, et n’étaient pas pas sensés connaître la vraie nature et les vrais objectifs de l’Ordre, secrets réservés aux seuls détenteurs des degrés chevaleresques. Pour les francs-maçons des grades inférieurs ainsi que pour les francs-maçons des autres Rites maçonniques, les structures provinciales qui régissaient les Loges symboliques et les Loges de Saint André du système étaient des Directoires Écossais, alors qu’en réalité il s’agissait des Préfectures de l’Ordre. 


Déclin de la Stricte Observance Templière 


L’Ordre avait mis en place un Plan Économique, supposé garantir à ses dignitaires des rentes confortables, qui ne fit que porter les contributions financières des membres à un niveau très élevé. Comme la réhabilitation des Templiers et la récupération de leur bien semblaient tarder, le mécontentement s’installa, et certains se mirent même à douter de la légitimité de Hund. 


Si le Convent d’Altenberg de 1764 avait entériné sans sourciller tout le système et la légende proposés par Hund, il en alla autrement du Convent de Kohlo en 1772. On demanda à Hund de nommer les fameux Supérieurs Inconnus et de produire sa Patente, que personne ne put lire. Pour le reste, Hund se réfugia derrière le serment de secret qu’il aurait prêté à ses Supérieurs pour éluder les questions. Mais personne ne fut dupe et, sans ouvertement désavouer Hund, le Convent désigna Ferdinand de Brunswick-Lunebourg (1721-1782) Grand Supérieur Général de l’Ordre, signifiant implicitement qu’il n’y avait pas de Supérieurs Inconnus. Hund fut quant à lui relégué au rang de Grand Maître de la VIIe Province, Grand Visiteur de l’Ordre. Les premières fissures apparaissaient dans l’édifice néo-templier allemand et l’Ordre prit alors le nom de Loges Unies et Rectifiées, et l’on commença à parler de Maçonnerie Rectifiée de Dresde. Rectifié signifiait rendu à ses vrais objectifs. Mais quels étaient-ils, si l’on commençait à douter de l’origine templière? Le Convent de Kohlo fut ainsi l’apogée de l’Ordre tout autant que les prémices de son déclin.


Lors du Convent de Brunswick de 1775, Hund fut à nouveau attaqué, et sommé de nommer les Supérieurs Inconnus dont il se réclamait et de produire enfin une version lisible de sa fameuse patente. Le malheureux baron s’effondra, reconnaissant implicitement la mystification. Il devait mourir l’année suivante. Ferdinand de Brunswick fit alors une enquête, qui confirma que Hund avait tout inventé et n’avait jamais reçu aucun mandat de Charles-Édouard Stuart, qui n’était même pas à Paris au moment où il prétendait l’avoir rencontré, et qui surtout n’avait jamais été franc-maçon!


Le Convent de Wilhelmsbad (1782)


Tentant de sauver ce qui pouvait l’être, Ferdinand de Brunswick convoqua un Convent qui devait avoir lieu à Wilhelmsbad en 1782, non sans avoir fait parvenir aux Chapitres, dès 1780, une circulaire leur demandant de répondre à une série de questions, que l’on peut résumer ainsi: l’Ordre a-t-il des Supérieurs? Quels sont-ils? L’Ordre remonte-t-il aux Templiers? Peut-on restaurer l’Ordre du Temple? Les rituels sont-ils adéquats? Les buts de l’Ordre doivent-ils être secrets ou connus de tous? L’Ordre dispose-t-il de connaissances que nul autre n’aurait? L’Ordre fondé par Hund était à peu près complètement dépourvu de substance spirituelle, et plusieurs aventuriers de l’occulte et charlatans avaient tenté d’en profiter, tels Johnson, Rosa et Gugomos. Il était temps de donner enfin un contenu satisfaisant à la Maçonnerie Rectifiée, dont de nombreuses Loges commençaient à faire défection. Tel était le but du Convent de Wlhelmsbad.


Le salut de la Maçonnerie Rectifiée lui vint de France, et plus particulièrement de Lyon, comme nous le verrons plus loin. Les membres français de la Stricte Observance se présentèrent au Convent de Wilhelmsbad avec une réforme qu’ils avaient adoptée au Convent des Gaules de 1778. Et, à une notable exception près, c’est cette réforme qui fut adoptée à Wilhelmsbad en 1782, avec l’abandon explicite de la filiation templière. Mais il était déjà trop tard, et la structure de l’ancien Ordre s’effondra après la mort de Ferdinand de Brunswick en 1792. Le Régime Écossais Rectifié ne survécut guère qu’en France et en Suisse, sous la forme réformée adoptée en 1782.


Jean-Baptiste Willermoz, créateur du Régime Écossais Rectifié


Ce que l’on nomme Rite ou Régime Écossais Rectifié correspond à la Réforme de Lyon, adoptée par le Convent des Gaules de 1778 et en grande partie entérinée par le Convent de Wilhelmsbad en 1782. Il est essentiellement l’œuvre de Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824). Mais comment en est-on arrivé là?


Jean-Baptiste Willermoz (bourgeois cultivé et fabricant d’étoffes de soie à Lyon) fut probablement l’un des francs-maçons les plus passionnés et les plus assidus du XVIIIe siècle. Avide de découvrir le vrai secret de la franc-maçonnerie, il accumula une prodigieuse collection de rituels de toutes origines et s’engagea très activement dans les organisations maçonniques de son temps. Il fut en 1760 l’un des fondateurs de la Grande Loge des Maîtres Réguliers de Lyon, sorte de Grande Loge Provinciale dépendant de ce qui était encore la Grande Loge de France (et qui deviendra le Grand Orient de France en 1773). En 1767, il fut reçu dans l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coens de l’Univers de Martinès de Pasqually, et pensa y avoir enfin trouvé le vrai secret maçonnique. Son attachement à la doctrine martinéziste ne se démentit jamais.


Au lendemain du Convent de Kohlo de 1772, des francs-maçons strasbourgeois firent à Willermoz un tel éloge de Maçonnerie Rectifiée allemande à laquelle ils venaient de s’affilier qu’il décida d’y adhérer. Il entra alors en correspondance avec Hund, dont il ignorait qu’il était déjà tombé dans une sorte de disgrâce. Le Baron Weiler, qui avait déjà été délégué en 1772 pour installer à Strasbourg le Directoire de la Ve Province de l’Ordre (Bourgogne), fut dépêché en 1773 auprès des Frères lyonnais qui avaient demandé leur affiliation. Il était porteur des rituels traduits en français et des conditions d’adhésion. Willermoz ajouta aux conditions que ses Loges bleues resteraient sous la juridiction du Grand Orient de France, et il obtint, à l’instar des francs-maçons rectifiés strasbourgeois, le droit de continuer à pratiquer deux Hauts Grades typiquement français, le Chevalier d’Orient et le Chevalier Rose-Croix. Une vingtaine de Frères lyonnais, qui devaient constituer le nouveau Chapitre, furent reçus Chevaliers le 21 juillet 1773, et le 25 juillet fut installée la IIe Province de l’Ordre (Auvergne). Les 11 et 13 août 1773, tous les nouveaux Chevaliers faisaient leur Profession Solennelle, atteignant ainsi le plus haut degré de l’Ordre, celui de Chevalier Profès. 


Ayant rempli sa mission à Lyon, Weiler poursuivit sa tâche en se rendant à Montpellier et à Bordeaux, où il installa la IIIe Province de l’Ordre (Occitanie). La France comptait désormais trois Provinces Templières et allait jouer un rôle déterminant dans la destinée de la Maçonnerie Rectifiée.


La Réforme de Lyon et le Convent des Gaules (1778)


Fin connaisseur des rituels maçonniques et convaincu qu’ils devaient nécessairement renfermer un contenu spirituel, Willermoz fut très déçu par les rituels que ses Supérieurs allemands leur avaient transmis. Les trois grades symboliques sont très banals et hormis quelques allégories conduisant à la légende templière, n’offrent aucune originalité. Ils ressemblent à tous les rituels connus des années 1740-1760, en plus pauvres. Le grade d’Écossais Vert est d’une grande inanité, se bornant à attendre du récipiendaire qu’il imite les vertus de quatre animaux (la valeur et la générosité du lion, l’adresse du singe, la clairvoyance de l’épervier et la ruse du renard), et à lui révéler  qu’Hiram est déjà à moitié sorti du tombeau et se relèvera sous les traits de NOTUMA (anagramme d’AUMONT, le supposé successeur de Jacques de Molay selon la légende de la Stricte Observance Templière). Quant aux degrés de l’Ordre intérieur, ouvertement chevaleresque et templier, les cérémonies de réception d’un Novice, d’un Chevalier et d’un Chevalier Profès ne sont que de simples imitations des rituels en usage dans les Ordres religieux catholiques romains, sans contenu réel ni originalité.


Willermoz s’attela alors à réécrire les rituels, non sans y ajouter la dimension martinéziste qui lui était chère, qu’il diffuse lentement et subtilement au gré des grades. Il enrichit considérablement les rituels existants, y ajoutant un contenu qu’il n’avaient pas et proposa une nouvelle échelle de degrés: les Apprentis, Compagnons, Maîtres et Maîtres Écossais de Saint-André constituent une franc-maçonnerie symbolique en quatre grades, ce qui est inédit; les Écuyers Novices et les Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte forment l’Ordre Intérieur, chevaleresque et non plus maçonnique; au-dessus de l’Ordre Intérieur sont placées les classes secrètes des Profès et Grands Profès, les seuls à connaître la doctrine explicite et les pratiques théurgiques  martinézistes du Rite.


Cette réforme, que l’on nomme "Réforme de Lyon", comprenait également un nouveau Code maçonnique et une Règle en Neuf Points, œuvres également de Willermoz. Elle fut soumise à un Convent réunissant les trois Provinces françaises de l’Ordre, le Convent des Gaules de 1778, dont le but était de d’affirmer plus d’indépendance vis-à-vis de l’Ordre allemand, de définir des rituels plus satisfaisants et de se prononcer sur la filiation templière. Si certains se montrèrent réticents à l’idée d’abandonner la légende templière, la réforme fut néanmoins largement adoptée par le Convent. L’Ordre devint alors l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, et prit le nom de Régime Écossais Rectifié.


Comme nous l’avons vu plus haut, les délégués français au Convent de Wilhelmsbad de 1782 apportèrent la Réforme de Lyon avec eux, et le Convent l’adopta, à la notable exception qu’il n’entérina pas les degrés de Profès et de Grand Profès, dont le mysticisme martinézien entrait trop en concurrence avec son homologue du nord de l’Europe, dominé par le Johannisme de Swedenborg. Mais l’Ordre s’éteignit en Allemagne dix ans plus tard. L’histoire du Rite Écossais Rectifié allait désormais s’écrire en France et en Suisse. Mais, comme le disait Rudyard Kipling, ceci est une autre histoire…

 

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25 octobre, 2023 — Ion Rajalescu