Le 21 septembre 2021 s’éteignait Hubert Germain, le dernier des Compagnons de la Libération, cet ordre créé par le Général de Gaulle en 1944 pour honorer les combattants de la France Libre. Connu surtout pour son engagement dans les Forces Françaises Libres, puis par son engagement politique après la Libération, Hubert Germain a également été franc-maçon. Le fait d’avoir été franc-maçon a-t-il influencé les engagements d’Hubert Germain, ou son initiation maçonnique a-t-elle plutôt été le couronnement d’une vie d’engagement ? C’est ce que nous allons tenter de comprendre en partant à la découverte du franc-maçon méconnu que fut Hubert Germain.

 

Les débuts et la Seconde Guerre Mondiale 

Hubert Germain est né le 6 août 1920 à Paris. Son père était le général Maxime Germain (1881-1953), officier supérieur dans les troupes coloniales françaises. Du fait des missions de son père, Hubert Germain débuta ses études secondaires à Damas, les poursuivit à Hanoï et les termina à Paris. Désireux d’embrasser une carrière militaire comme son père, il se présenta au concours de l’École Navale en juin 1940, mais l’armée allemande ayant pris Paris le 14 juin 1940, il rendit une copie blanche pour ne pas avoir à servir dans une armée qui allait être assujettie à une force étrangère.

À la signature de l’armistice du 22 juin 1940, Hubert Germain refusa de s’y soumettre et rallia Londres, pour s’engager dans les Forces Françaises Libres. Son père par contre continua de servir dans l’armée du régime de Vichy, quoique sa tiédeur dans la collaboration avec l’occupant lui valut d’être arrêté par la Gestapo en 1944.

 

Hubert Germain (tête nue) en Afrique du Nord

 

Hubert Germain reçut une formation d’officier de marine sur le cuirassé Courbet, qui avait rejoint les Forces Françaises Libres. Affecté en 1941 à l’état-major du général Paul Legentillhomme (1884-1975), il se retrouva en Palestine et participa à la campagne de Syrie. En 1942, il rejoignit la 13e demi-brigade de la Légion Étrangère, avec laquelle il combattit en Afrique du Nord (notamment batailles de Bir Hakeim et d’El Alamein). Blessé le 24 juin 1944, lors de la campagne d’Italie, le Général de Gaulle lui conféra la croix des Compagnons de la Libération. En août 1944, il participa au débarquement de Provence, remonta la vallée du Rhône avec la 1ère Division des Forces Françaises Libres et combattit en Alsace, en Moselle, dans les Vosges et dans le massif de l’Authion (Alpes-Maritimes). Et après la capitulation allemande du 8 mai 1945, il fut nommé aide de camp du général Pierre Koenig (1894-1970), commandant des forces Françaises d’occupation en Allemagne. Il exerça cette fonction jusqu’à sa démobilisation en 1946.

 

Après la guerre 

Le 3 octobre 1945, Hubert Germain épousa Simone Millon, et le couple eut trois enfants. En 1950, il entra dans la société Cinzano en tant que cadre, puis travailla ensuite pour la société chimique et pharmaceutique suisse Geigy. 

S’inscrivant dans la mouvance politique gaulliste, il fut élu maire de Saint-Chéron (actuel département de l’Essonne) et exerça cette fonction de 1953 à 1965. Élu trois fois député à l’Assemblée Nationale (1962, 1968 et 1973), il fut chargé de mission puis conseiller technique auprès de Pierre Messmer (1916-2007), alors ministre des Armées de 1960 à 1968.

Hubert Germain exerça également des fonctions ministérielles sous les trois gouvernements Messmer, de 1972 à 1974. Il fut ainsi ministre des postes, télégraphes et téléphones (PTT), ministre chargé des relations avec le parlement, puis à nouveau ministre des PTT, par intérim. Et de 1975 à 1982, il présida la Société Française de Télédistribution, qui fut dissoute le 1er janvier 1983 et fut remplacée en 1990 par France Télévision Distribution.

Depuis 2010, Hubert Germain siégea au Conseil de l’Ordre de la Libération et le 25 novembre 2020, se retrouvant le dernier membre de l’ordre, il en fut promu chancelier honoraire.

 

Hubert Germain, le dernier Compagnon de la Libération

 

Hubert Germain mourut le 12 octobre 2021, à l’âge de 101 ans. Il fut inhumé dans la crypte du mémorial de la France combattante, au Mont-Valérien. Avec lui s’éteignait l’Ordre de la Libération.

 

Carrière maçonnique 

Contrairement à Pierre Brossolette, que nous avons évoqué dans un précédent article, Hubert Germain n’était pas franc-maçon avant la guerre. Il faut dire qu’il n’avait que 20 ans lors de l’armistice de 1940. Ce n’est pas non plus dans l’immédiat après-guerre qu’il le devint, mais c’est seulement en 1975 qu’il fut initié au sein de la Grande Loge de France. Il fut l’un des fondateurs de la loge Pierre Brossolette-Compagnon de la Libération de la Grande Loge de France et poursuivit la démarche maçonnique au sein du Suprême Conseil de France, y atteignant le 33e et dernier degré du Rite Écossais Ancien Accepté.

C’est un homme de 55 ans qui fut initié en 1975 et l’essentiel de sa carrière était derrière lui. Ce n’est donc pas l’idéal maçonnique qui a orienté  la carrière d’Hubert Germain, mais c’est au contraire son amour de la liberté qui, à  l’âge mûr, l’a amené à se reconnaître dans l’idéal de la franc-maçonnerie.

 

 

 

13 gennaio, 2025
Tag: Personnage