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Degrés Cryptiques
Parmi les nombreux hauts grades racontant la légende maçonnique du Temple de Salomon figurent les Degrés Cryptiques, connus aussi sous le nom de Maîtres Royaux et Choisis. Les Degrés Cryptiques sont d’origine américaine et constituent aujourd’hui la troisième partie du Rite d’York, au États-Unis comme au Canada. Mais ils se sont ensuite diffusés en Angleterre et en Écosse, indépendamment du Rite d’York. Quelle est l’origine des Degrés Cryptiques ? Quelles légendes nous rapportent-ils ? Et ces Degrés Cryptiques ont-ils un lien avec d’autres hauts grades maçonniques ? Partons à la découverte de ces degrés, assez peu connus en Europe continentale.
Origine et histoire des Degrés Cryptiques
Les Degrés Cryptiques ne se sont constitués en système de trois grades (Maître Royal, Maître Choisi et Super-Excellent Maître) qu’au XIXe siècle, mais deux d’entre eux (le Maître Royal et le Maître Choisi) plongent leurs racines dans les hauts grades qui avaient été diffusés dans le Nouveau Monde à la suite de l’aventure d’Étienne Morin, qui allait donner naissance au Rite Écossais Ancien Accepté. Le troisième, le Super-Excellent Maître, semble être d’origine américaine (peut-être pas avant 1817) et n’a pas d’équivalent dans les anciens hauts grades.
Le Maître Royal s’était développé à New York vers 1810, sous l’impulsion de Thomas Lownds (1762-1825), un épicier et boulanger reconverti dans le caritatif (il devint le Surintendant de l’Hospice de la ville de New York). Le Maître Choisi était cultivé à Baltimore où un certain Philipp Eckel aurait fondé un Grand Conseil des Maîtres Choisis en 1792. Et ce fut Jeremy Ladd Cross (1783-1860), un autodidacte assez talentueux mais parfois qualifié de charlatan, qui réunit ces deux degrés en un système vers 1817-1818, et y ajouta le degré de Super-Excellent Maître, dont certains pensent qu’il était l’auteur.
En 1871, le Grand Conseil de New York des Maîtres Royaux et Choisis émit une patente grâce à laquelle le Grand Conseil pour l’Angleterre et le Pays de Galles fut fondé en 1873. Alors que la branche américaine était intégrée au Rite d’York, la branche anglaise se constitua en un ordre indépendant, sous le patronage de la Grande Loge de la Maçonnerie de la Marque. Aux trois degrés venus d’Amérique, les Anglais ajoutèrent un quatrième, le Très Excellent Maître, qui en Amérique et en Écosse est conféré dans le Chapitre de l’Arche Royale.
Le système s’implanta en Écosse en 1877, mais il y est pratiqué d’une manière qui diffère à la fois du modèle américain et de la version anglaise : l’Ordre des Maîtres Royaux et Choisi d’Écosse ne confère que les deux premiers degrés, le Maître Choisi et le Maître Royal. Et il dépend du Suprême Grand Chapitre de l’Arche Royale, et non de la Maçonnerie de la Marque.
Si l’on peut trouver des Conseils des Maîtres Royaux et Choisis dans de nombreux pays, il n’y a traditionnellement que quatre Juridictions (États-Unis, Canada, Angleterre et Écosse) auxquels sont rattachés tous les Conseils du monde. Mais en 1999, une nouvelle juridiction indépendante fut créé en France, avec l’appui d’un Grand Conseil pour l’Angleterre et le Pays de Galles.
Les thèmes des Degrés Cryptiques
Les Degrés Cryptiques présentent un certain nombre de thèmes légendaires et symboliques, qui complètent les découvertes faites lors de la réception à l’Arche Royale. Chronologiquement, ils se situent avant la mort d’Hiram ou avant la destruction du Temple, et il est assez curieux de constater que dans le Rite d’York, les Degrés Cryptiques suivent l’Arche Royale, alors que logiquement, ils devraient la précéder.
Dans le Degré de Maître Royal, Hiram annonce par trois fois qu’après sa mort, le Mot de Maître serait dissimulé sous la neuvième Arche, au-dessus de l’Arche de l’Alliance.
Le Maître Choisi présente un certain nombre d’analogies avec le 6e degré du Rite Écossais Ancien Accepté (Maître par Curiosité) et avec le Tuileur de Salomon, qui figure dans les Degrés Maçonniques Alliés. La légende est basée sur l’indiscrétion d’un Frère, qui surprend les propos échangés par Salomon, Hiram de Tyr et Hiram Abif dans la Voûte Secrète dans laquelle ils avaient coutume de se réunir.
Le Super-Excellent Maître n’est plus lié à la Voûte Secrète, mais se situe avant la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor et la destruction du premier Temple.
C’est dans cet ordre que les trois degrés sont conférés au sein du Rite d’York. Mais dans les usages anglais, le Maître Choisi est conféré avant le Maître Royal, et le Très Excellent Maître est alors ajouté, avant le Super-Excellent Maître. Le Très Excellent Maître, qu’on retrouve dans le Chapitre de l’Arche Royale américaine et écossaise, commémore l’achèvement du Temple, la pose de la Clé de Voûte et l’installation de l’Arche de l’Alliance dans le Saint des Saints. Par certains aspects, il rappelle différents anciens hauts grades maçonniques français qui évoquent le Temple achevé et le mobilier liturgique, en particulier l’Arche de l’Alliance.
Les Degrés Cryptiques n’ont ni la patine ni le prestige des anciens hauts grades. Mais, à l’instar des degrés 4 à 12 du Rite Écossais Ancien Accepté, ils présentent l’avantage de combler des vides dans le légende maçonnique du Temple entre la mort d’Hiram et la reconstruction par Zorobabel.