Origine et signification de la canne du Maître des Cérémonies
Quand le Maître des Cérémonies se déplace rituellement dans la Loge, il est muni d’une canne, qu’il doit toujours tenir dans la main droite. Ceci est valable dans la quasi totalité des rites maçonniques, la seule exception semblant être le Rite Écossais Rectifié. D’où peut bien provenir l’usage de la Canne du Maître des Cérémonies ? Simple artifice servant à souligner la solennité des cérémonies maçonniques ? Au nouvel Apprenti qui vient d’être initié, les francs-maçons se plaisent à dire : "Ici, tout est symbole !" La Canne du Maître des Cérémonies a donc certainement une signification symbolique et ne peut être un simple accessoire décoratif. Partons donc à la découverte de la Canne du Maître des Cérémonies, de son origine et de sa signification.
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Origine et développement de la canne
La canne est probablement l’une des plus anciennes inventions humaines sinon la plus ancienne. Simple bâton à l’origine, cet "outil" permettait des usages variés : on pouvait atteindre grâce à elle des objets hors de portée de la main, on pouvait s’appuyer sur elle pour marcher et bien sûr on s’en servait comme d’une arme.
Prolongement du bras, ou éventuellement symbole phallique, la canne ne tarda pas à devenir un signe extérieur de puissance. Dans la tombe de Toutankhamon, on ne trouva pas moins d’une trentaine de cannes, dont certaines sont recouvertes d’or et recourbées, comme les cannes modernes. L’humble bâton était manifestement devenu un objet de prestige digne d’un roi, d’un prêtre ou d’un chef militaire. C’est ainsi que, stylisée et et parfois raccourcie, la canne put devenir le sceptre du roi, la crosse de l’évêque ou le bâton du maréchal.
Plus près de nous dans le temps, la canne connut un véritable engouement au XVIIe, où, sous une forme longue, elle devint l’apanage des rois et des nobles. Elle donnait de la noblesse et du prestige au simple fait de déambuler. L’usage de la canne se généralisa au XIXe siècle, où elle devint un accessoire de mode de la bourgeoisie, au même titre que le chapeau et les gants. Mais la canne restait également une arme, comme en témoignent les cannes-épées et l’escrime à la canne, florissante en France depuis le milieu du XIXe siècle.
La canne restait bien sûr également un objet utilitaire destiné à soutenir la marche des personnes âgées ou invalides. C’est presque exclusivement sous cette forme qu’elle perdura dans la seconde moitié du XXe siècle, même si quelques excentriques continuaient à en faire un accessoire de mode.
La canne en franc-maçonnerie
Comme on l’a vu, l’usage de la canne en Europe a pris un tournant important au XVIIe siècle, soit dans la période qui vit naître la première franc-maçonnerie spéculative anglaise. Les premiers francs-maçons et peut-être encore plus les francs-maçons du XVIIIe siècle ont-ils été inspirés par la canne en usage dans la noblesse ? Si l’on se souvient que le port en loge du chapeau et de l’épée fut dans la franc-maçonnerie française une manière d’affirmer l’égalité entre nobles et bourgeois, on ne peut exclure que la canne ait séduit les francs-maçons et leur ait permis d’ajouter de la solennité à leurs cérémonies. De la manière dont la canne est utilisée de manière uniquement rituelle, pour souligner les déplacements en Loge, on serait tenté de penser qu’elle n’a d’autre fonction que de donner de la dignité aux cérémonies.
Mais il y a bien sûr une autre raison à la présence de la canne en franc-maçonnerie, symbolique cette fois-ci. La canne n’est pas qu’un simple accessoire cérémoniel, un signe de statut social ou une arme, elle est également un outil des Maçons opératifs. Les illustrations médiévales montrent d’ailleurs souvent les Maîtres d’Œuvre tenant une longue canne, en plus d’autres outils tels que le compas et l’équerre.
Cette canne était un outil de mesure appelé "Pige des bâtisseurs" ou "Quine", parce qu’elle contenait les cinq mesures de base utilisées à l’époque : la paume, la palme, l’empan, le pied et la coudée. Un trait marquait chaque mesure, ou alors l’outil était formé de cinq sections articulées, comme on le fait aujourd’hui pour un double mètre pliant. Différentes valeurs étaient attribuées à ces mesures selon les régions, mais en voici un exemple, exprimé en centimètres:
Paume: 6,74 - Palme: 12,36 - Empan: 20 - Pied: 32,36 - Coudée: 52,36. Le tout donne une canne de 124,72 cm.
L’intérêt de la Quine, c’est qu’elle permettait d’utiliser pratiquement les proportions du Nombre d’Or, sans en connaître la valeur algébrique phi (1,618). Si l’on additionne la paume et la palme, on obtient l’empan; la palme et l’empan, on obtient le pied; l’empan et le pied, on obtient la coudée. C’est une suite de Fibonacci. Et si l’on divise une mesure par celle qui la précède (par exemple la coudée par le pied), on obtient toujours 1,618. Essayez avec les valeurs de l’exemple ci-dessus, vous verrez. Un bel exemple du savoir pratique des Bâtisseurs médiévaux!
On retrouve la canne chez les Compagnons du Devoir, qui ont sans doute conservé une compréhension plus complète de la canne que les francs-maçons. Chez eux, la canne garde sa signification symbolique, mais sert aussi de bâton pour la marche et d’arme de défense.
La canne a certainement toute sa place dans la franc-maçonnerie et la canne du Maître des Cérémonies est une timide réminiscence de l’importance que cet outil pouvait voir chez les anciens Bâtisseurs. On pourrait souhaiter que son emploi opératif soit plus ouvertement explicité dans les rituels et dans les instructions maçonniques.
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