La Grande Loge Nationale Française. Son histoire et les Rites pratiqués

La Grande Loge Nationale Française est une Obédience maçonnique. Elle est la seule à être reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre, et à ce titre, elle est qualifiée de "régulière". Comptant environ 32 000 membres, la Grande Loge Nationale Française est numériquement la troisième Obédience maçonnique française, après le Grand Orient de France et la Grande Loge de France. Attachée aux valeurs traditionnelles de la franc-maçonnerie, la Grande Loge Nationale Française est théiste et ne reçoit que des hommes admettant l’existence d’un Dieu révélé et elle travaille à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, en exposant la Bible sur l’autel, avec l’Équerre et le Compas. Comme la plupart des Obédiences maçonniques, la Grande Loge Nationale Française dispose d’un site internet (glnf.fr) très documenté, d’un intranet ouvert à ses seuls membres, appelé Regius (regius.glnf.fr), et d’une application pour Smartphone équivalente, Eg Regius. 

Le terme Regius est évidemment une allusion au manuscrit Regius de 1390, le plus ancien document présentant les Old Charges (Anciens Devoirs), c’est-à-dire les règlements des Maçons opératifs anglais. La Grande Loge Nationale Française publie également une revue de grande qualité, au contenu très approfondi, "Les Cahiers Villard de Honnecourt", du nom du célèbre Maître d’Œuvre du XIIIe siècle.

Origine de la Grande Loge Nationale Française 

En 1877, le Grand Orient de France supprimait l’obligation de croire en Dieu, de travailler à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers et d’exposer la Bible lors des rituels maçonniques. Elle suivait en cela une décision similaire prise par le Grand Orient de Belgique en 1872. La franc-maçonnerie française s’ancrait résolument à gauche, et adoptait des positions toujours plus ouvertement anticléricales. La majorité de francs-maçons français d’alors se définissait clairement comme républicains et démocrates, certains flirtant même avec l’anarcho-syndicalisme (à la Grande Loge Symbolique Écossaise). Le Grand Orient de France n’alla jamais aussi loin, mais il était très proche du Parti radical (fondé en 1901), alors résolument à gauche.

Mais il y avait toujours en France des francs-maçons qui n’adhéraient pas à l’anticléricalisme ambiant et à l’engouement républicain. Trois de ces francs-maçons, Édouard de Ribaucourt, Camille Savoire et Gustave Bastard s’approchèrent de la Grande Loge Suisse Alpina et du Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie, dernière puissance active au Régime Écossais Rectifié dans le monde. Ils furent reçus Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte le 9 juin 1910 et reçurent des patentes pour réveiller la franc-maçonnerie rectifiée en France. Le 20 juin de la même année 1910, ils entreprenaient de réveiller la dernière Loge française qui avait travaillé au Rite Écossais Rectifié jusqu’en 1830, "Le Centre des Amis". Le Grand Orient de France, d’abord réticent, accepta que cette Loge adopte ce Rite, et signa même un accord à ce propos avec le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie.

Édouard de Ribaucourt fut le premier Vénérable de la Loge "Le Centre des Amis", qui vécut normalement jusqu’en 1913. À ce moment-là, le Grand Orient de France tenta d’imposer à la Loge un nouveau rituel du Rite Écossais Rectifié, expurgé de toute allusion au Grand Architecte de l’Univers. Inacceptable pour Ribaucourt, qui tenta en vain d’obtenir du Grand Orient l’autorisation de continuer à utiliser le rituel traditionnel: il rompit alors toute relation avec le Grand Orient de France et se tourna vers la Grande Loge Unie d’Angleterre.

Le 5 octobre 1913, la Loge "Le Centre des Amis" s’érigea en Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et ses Colonies, qui fut reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre le 3 décembre 1913.

Développement de la Grande Loge Nationale Française

Une seule Loge du Grand Orient de France suivit la nouvelle Obédience maçonnique, l’"Anglaise 204" à l’Orient de Bordeaux. Les autres Loges qui s’y rallièrent furent des Loges d’Anglais résidant en France, travaillant au Rite Emulation. Alors que le projet de Ribaucourt était de réveiller le Régime Écossais Rectifié, la Loge "Le Centre des Amis" fut longtemps l’unique Loge travaillant à ce Rite dans la nouvelle Obédience, que ses détracteurs qualifiaient volontiers de "Grande Loge Anglaise de France"!

En 1948, la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et ses Colonies prit le nom de Grande Loge Nationale Française, mais un quart de ses membres étaient encore des Anglais. En 1958, sept de ses Loges (dont la Loge fondatrice "Le Centre des Amis"), contestant la trop forte influence anglaise et souhaitant avoir des relations avec d’autres Obédiences maçonniques françaises, se séparèrent pour fonder la Grande Loge Nationale Française Opéra, qui deviendra ensuite la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra. Il faut attendre 1965 pour voir plus de Français adhérer à la Grande Loge Nationale Française, suite à une scission au sein de la Grande Loge de France. Cette dernière avait signé un traité d’alliance avec le Grand Orient de France, et certains de ses membres, contestant cette décision, rallièrent la Grande Loge Nationale Française, y apportant par la même occasion le Rite Écossais Ancien Accepté.

Le recrutement de membres français ne cessa alors d’augmenter, au point que la Grande Loge Nationale Française atteignit les 44 000 membres en 2011, se hissant pour un temps à la deuxième place des Obédiences maçonniques françaises. Mais dans les années 1990, la Grande Loge Nationale Française fut éclaboussée par des scandales immobiliers, et certains de ses membres la quittèrent pour créer en 2003 la Grande Loge Loge Traditionnelle et Moderne de France. 

Depuis 2012, sous la Grande Maîtrise de Jean-Pierre Servel, la Grande Loge Nationale Française se reconstruisit et se réorganisa. Le 6 juin 2014, la Grande Loge Unie d’Angleterre rétablissait la reconnaissance de la Grande Loge Nationale Française, suivie en 2015 par les cinq autres Obédiences qui avaient rompu avec elle.

Rites pratiqués à la Grande Loge Nationale Française 

Imaginée au départ comme devant être une Obédience Rectifiée, la Grande Loge Nationale Française a d’abord été dominée par le Rite Emulation, et a progressivement intégré d’autres Rites: Rite Français, Rite Écossais Ancien et Accepté, Rite d’York et Rite Standard d’Écosse. 

Elle est également liée à des puissances maçonniques gérant les hauts grades du Régime Écossais Rectifié, du Rite Écossais Ancien Accepté et du Rite Français, ainsi que des Side Degrees anglo-saxons (Arche Royale, Maçonnerie de la Marque, Nautoniers de l’Arche Royale, Ordre des Degrés Maçonniques Alliés, Degrés Cryptiques…).

En ce qui concerne les ordres para-maçonniques d’origine américaine, ouvertes aux membres des familles de francs-maçons, on notera que la Grande Loge Nationale Française parraine cinq Chapitres de l’Ordre DeMolay International, ordre destiné aux jeunes garçons entre 15 et 21 ans.